Etes-vous listolâtre ?

« Moi aussi je coche des listes… »

Sept vérités qui ont changé mes journées – et même mes nuits !
A l’aube de cette nouvelle année, rappelons-nous qu’il est heureux que nous n’ayons que 365 jours par an et 24 heures par jour, sinon nos listes seraient encore plus interminables ! 

Depuis le temps de mes études universitaires, et encore aujourd’hui dans mon travail ou à la maison, je « fonctionne » avec des listes : vous savez, ces fameuses listes d’actions à effectuer que l’on s’évertue à agrémenter et à compléter au fil des jours et des heures qui passent, au grès de nos imaginations tellement débordantes. Listes… à la saison, au mois, à la semaine, à la journée. J’ai longtemps cru que le fait d’avoir des listes était sinon une vertu, en tout cas un gage de sérieux, et que le graal consistait – à la suite d’actions, tâches ou missions achevées – à réussir à pouvoir cocher un maximum d’items de ces listes avant l’heure du coucher. Avec en récompense en fonction de cette réussite, ce sentiment d’apothéose.

Etais-je listolâtre ? (Mon correcteur d’orthographe ne connaît pas ce mot, pourtant s’il existait il m’aurait décrit avec justesse). Mais ça c’était avant !

Aujourd’hui, si travailler avec des listes est ce qui me convient toujours le mieux, j’ai cependant appris à les utiliser avec un état d’esprit différent. Les paragraphes suivants font état de ce qui a été un chemin de libération : comme pour tout, quelques vérités redécouvertes et plusieurs repentances ont eu raison de ce (dys)fonctionnement devenu presque maladif, et hélas addictif.

Permettez-moi de partager ces 7 vérités avec vous, (peut-être même 7 bonnes résolutions ?) pour mieux servir notre Seigneur en cette nouvelle année.

Dieu ne nous a jamais ordonné de dresser des listes

La seule référence biblique qui pourrait nous faire croire le contraire, ce serait peut-être… hé bien non, en fait, je n’en vois aucune. Il y a bien cette exhortation qui invite notre main à faire tout ce qu’elle trouve à faire, avec force, (Ecclésiaste 9.10[1]) mais n’est-ce pas une parole de sagesse invitant plutôt à nous éloigner de la paresse ?

Une autre parole inspirée invite certes à racheter le temps (Ephésiens 5.16[2]), mais ne faut-il pas voir un appel à nous conduire en bons gestionnaires de cette denrée précieuse et limitée qu’est le temps ?[3]

Dieu nous a montré l’exemple en cessant de travailler

En revanche, notre Dieu créateur montre Lui-même l’exemple en se reposant le septième jour de sa création (Genèse 2.2-3[4][5][6]) et invite les croyants à lui emboîter le pas (Exode 20.8-11). Dieu a fait ! – et il a même parfaitement bien fait (Genèse 1.31[7]) – et ne doutons pas un seul instant que d’autres idées créatrices de génie l’animaient pourtant ; mais il s’est aussi arrêté de faire : sabbat est le mot hébreu pour cesser de travailler.

Dieu ne s’attend pas à ce que nous réussissions forcément à cocher nos listes

Non seulement la Bible ne requiert pas que ses fidèles dressent des listes, mais elle invite encore moins à entrer dans le cercle – sans fin – consistant à tout faire pour avoir à cocher les items (infinis) de  listes. D’ailleurs, Dieu ne nous demande jamais de croire ce mensonge selon lequel la réussite d’une journée dépendrait du nombre d’items cochés. Ne croyons pas davantage qu’un grand nombre d’items cochés compenserait les cibles manquées, à savoir les actions qu’il aurait été responsable d’effectuer mais que nous avons repoussées. Déplorons-le : faire beaucoup peut nous priver de faire juste et à propos, et passer à côté de l’appel de Dieu pour notre journée. « Mieux vaut le peu du juste que l’abondance de beaucoup de méchants ! » (Psaume 37.16 ; Proverbes 16.8).

Affirmons-le sans ambages : Dieu préfère pour notre vie Sa sagesse… à la folie – cette folie de croire qu’il serait envisageable de pouvoir cocher toutes nos listes… alors que justement Dieu nous demande de racheter le temps via un sage discernement. Pour des personnes fonctionnant continuellement avec des listes qui s’étendent plus vite qu’elles ne se cochent,  cela s’avérera tout simplement impossible. 

Aussi, viser la réussite de quelque chose d’impossible est stupide, stérile, et outrageusement épuisant[8]. En être convaincu nous décomplexera, nous soulagera, nous rassurera. Et nous libèrera.

Veillons donc à éviter que notre travail pour Dieu devienne disproportionné par rapport au temps que nous passons avec Lui[9] !

Dieu préfère notre liberté à notre listolâtrie : maîtrisons nous-mêmes nos listes

Plutôt que de nous laisser maîtriser par nos listes – ou par quelque outil que ce soit -, il s’agira de nous émanciper et d’en être radicalement maître. Lâcher prise et nous détacher de cette subtile idolâtrie nous apaisera par une distance plus juste avec les tâches et une liberté salutaire pour discerner. De la tête dans le guidon à la tête dans le Ciel, il y a un chemin de liberté ! Un chemin pour nous faire comprendre que nous sommes des « êtres » humains, et non pas des humains centrés sur le faire[10].

Dans nos listes, tout n’est pas forcément judicieux

Ce serait formidable que l’entièreté de nos listes ne contienne que des tâches adéquates, rendant gloire à Dieu (Colossiens 3.17[11] ; 1 Corinthiens 10.31[12]). Si c’est fortement souhaitable, est-ce pour autant toujours le cas ? Rien ne le garantit forcément. En tout cas, il nous faut reconnaître, lorsque nous levons la tête du guidon, que tout ce que contiennent nos listes ne changerait pas forcément fondamentalement les choses… si elles n’étaient pas effectuées. Parfois même, il s’avère sans doute sage de ne surtout pas faire ce qui avait été prévu tenacement dans nos listes[13][14].

Puissions-nous avoir la même sagesse que l’apôtre Paul inspiré devant renoncer ou décaler ses déplacements pourtant tout à fait légitimes (Romains 1.10 -13).

Dieu est parfois rassuré… que nous ne cochions pas nos listes

Courir derrière nos listes peut nous faire passer à côté de personnes à bénir. Mieux vaut savoir discerner sagement entre ce qui doit être fait impérativement (et pour quel délai), ce qui pourrait être fait, ce qui ne devrait pas forcément être fait, ou encore ce qui ne devrait vraiment pas être fait[15]. Ne pouvant et ne devant pas tout faire, il s’avère plus judicieux de hiérarchiser les priorités… pour ne faire seulement que ce qui est conforme à la volonté de Dieu (Philippiens 4.8[16]) et nous fait entrer dans les œuvres prévues d’avance (Ephésiens 2.10[17]).

Inutile de préciser combien nous avons besoin de demander à Dieu Sa sagesse (Jacques 1.5[18]), d’où la nécessité quotidienne d’arracher un temps à part pour le lui demander. Par bonheur, nous sommes en bonne compagnie puisque même Jésus a estimé bon de le faire (Marc 1.35[19] entre autre). Soyons convaincus que Dieu saura utiliser ce temps de consultation pour nous accorder le discernement[20][21]… et inspirera notre « construction » avec des matériaux durables qui sauront perdurer (1 Corinthiens 3.10-1520).

Dieu se réjouit assurément parfois que nous fassions des choses… qui n’étaient pourtant pas listées

Nous pouvons faire de grandes choses… même sans liste ; en revanche sans Jésus nous ne pouvons rien faire de glorieux (Jean 15.5[22]). Alors quelle joie dans le Ciel lorsque Dieu se penche sur notre journée pour constater que nous avons su mettre ici ou là nos listes entre parenthèses… au bénéfice d’un imprévu ou d’un service béni, d’un geste de compassion ou d’amour désintéressé sans calcul qui a été bénéfique à quelqu’un d’autre : n’est-ce pas aussi cela marcher dans les œuvres prévues d’avance ?

Nous sommes tentés de faire de nos actions des fondements pour notre vie et notre ministère : quand nous y succombons, « nous fonçons tête baissée dans des initiatives que Dieu ne nous a jamais demandé de prendre et, lentement, nous nous retrouvons sans plus aucun lien avec l’amour du Père »[23].

« Ce que je fais a de l’importance.
Qui je suis importe beaucoup plus ». 

Bref, faisons ce que Dieu veut… ni plus ni moins !

Nous ne vivons pas avant tout pour cocher des listes, mais pour viser à suivre les plans de Dieu : c’est-à-dire faire ce que Lui veut… ni plus, ni moins.

Certes les deux ne sont pas de facto incompatibles, mais au risque de me répéter, réussir la première (cocher des listes) ne garantit jamais[24] de réussir celle pour laquelle nous vivons : glorifier Dieu.

Les changements rapportés par Peter Scazzero, relatant sa propre expérience sont inspirants [25] :

  • J’arrêtais de prier pour que Dieu bénisse les buts que je voulais atteindre et commençais à prier pour connaître sa volonté.
  • J’appris à m’attendre au Seigneur pour le Seigneur lui-même – et non plus pour une bénédiction.
  • Je travaillais moins. Dieu travaillait plus.
  • J’adoptais une vision plus équilibrée de Dieu, à la fois immanent et transcendant et je reconnais et confirmais son travail à la fois en nous et au-delà de nous.
  • Je commençais à mesurer la réussite du ministère par la qualité des vies transformées chez les gens plutôt que l’assiduité au culte…

L’impact était si époustouflant…

Encourageons-nous [26] :
Les changements que vous recherchez ne vont pas se faire en une nuit, mais ils vont se faire. Prenez votre temps. Lisez lentement. Confiez-vous aux bons soins de Dieu et demandez-lui de vous conduire dans le prochain pas de votre cheminement. Des milliers de leaders dans le monde sont en route avec vous et ont commencé à faire l’expérience d’une transformation puissante à la fois dans leur vie personnelle et dans leur leadership. Tenez bon, un pas à la fois. Ni vous, ni ceux que vous dirigez ne seront plus jamais les mêmes. Amen ?

Que le Seigneur nous accorde la grâce de lâcher prise, de vouloir quitter la roue infernale du hamster pour Le laisser être maître de notre temps[27]. A ce propos, il est possible de définir la spiritualité contemplative comme le fait de ralentir pour être avec Jésus 27. Si je suis enfant de Dieu ce n’est plus moi qui vis : n’est-ce pas Christ qui désormais vit en moi ? (Galates 2.20[28])

Écoutons la parole sage de Moïse (Psaume 90.12) :

« Enseigne-nous à compter nos jours, afin que nous conduisions nos cœurs avec sagesse »

Après tout, n’est-ce pas Dieu, Lui qui est l’Alpha et l’Omega, qui est le maître du temps ?
Et même, de mon temps ?
Et même de chaque jour de l’année qui est devant moi ?

Jean-Yves Le Guehennec

 

 

[1] Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le; car il n’y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas.
[2] Rachetez le temps, car les jours sont mauvais.
[3] « La réserve de temps est limitée. Peu importe à quel point la demande est élevée, la réserve n’augmente jamais. Le temps est une denrée périssable qui ne peut être entreposée. Le temps d’hier est perdu pour toujours, il ne reviendra jamais », commente Peter Drucker, cité par Kevin DeYoung dans « Vie de fou » (éd. Impact).
[4] Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée en la faisant.
[5] Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
[6] Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. 11 Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.
[7] Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon.
[8] « Les déficits spirituels se révèlent généralement dans le trop-plein d’activités. Les leaders en mauvaise santé spirituelle s’engagent dans plus d’ activités que leur réserves spirituelles, physiques et émotionnelles combinées ne peuvent le supporter », selon Peter Scazzero, Devenir un leader émotionnellement sain, Excelsis, p26
[9] P. Scazzero, déjà cité, p29-30, nous alerte quant à la surcharge chronique : « bien qu’ils aient peu de temps, ils persistent à dire un oui machinal à de nouvelles possibilités avant de discerner la volonté de Dieu par la prière. La notion d’une spiritualité ralentie – ou d’un leadership ralenti – dans lequel le faire pour Jésus découle de l’être avec Jésus est un concept qui leur est étranger. S’il leur arrive d’y penser, passer du temps dans la solitude et le silence est considéré comme un luxe, et non comme le louer de leur spiritualité ou la composante essentielle d’un leadership efficace ». Il est hélas peu probable que le tiercé gagnant de leur liste de priorités inclut une relation profonde et transformatrice avec Jésus.
[10] Peter Scazzero, déjà cité, p16
[11] Et quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père.
[12] Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.
[13] Par exemple, « Ce n’est pas parce que nous avons les dons et les capacités de rassembler des foules et de créer des tas d’activités, que nous sommes en train d’édifier une Eglise ou que nous exerçons un ministère qui met en relation intimement les personnes avec Jésus ». Peter Scazzero, déja cité, p 40
[14] Constamment je lui demande d’avoir enfin, dans le cadre de sa volonté, le bonheur d’aller chez vous. {…} 13 Je ne veux pas que vous ignoriez, frères et sœurs, que j’ai souvent formé le projet d’aller vous voir afin de récolter du fruit parmi vous tout comme parmi les autres nations, mais j’en ai été empêché jusqu’ici.
[15] Comparer avec Steven Covey, Les sept habitudes des gens efficaces : le conférencier qualifie nos activités quotidiennes à l’aide de deux facteurs : urgent et important. Les livres techniques sur la gestion et les voleurs de temps sont pléthores.
[16] Portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d’être aimé, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est synonyme de qualité morale et ce qui est digne de louange.
[17] Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.
[18] Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. 6 Mais qu’il la demande avec foi, sans douter…
[19] Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria.
[20] Il est couramment dit de LUTHER qu’il passait d’autant plus de temps dans la prière qu’il avait des choses à faire. Cela semble plutôt contre-intuitif, mais sans doute salvateur.
[21] Que l’on construise sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille
[22] Sans moi vous ne pouvez rien faire
[23] Peter Scazzero, déjà cité, p39
[24] D’autant que pour Jésus, ce qui compte n’est pas seulement la finalité, mais également les moyens, l’éthique et le chemin pour y parvenir.
[25] Peter Scazzero, déjà cité, p40
[26] Peter Scazzero, déjà cité, p46.
[27] Pratiquement, cela peut requérir, avant d’aller à bureau ou son poste de travail, de se tourner vers Dieu, par exemple en commençant à l’adorer pour qu’il est (et ce avant même de lui demander à qu’il fasse réussir ma journée) – Peter Scazzero, déjà cité, p19
[28] J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi…

 

 

 

 

 

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