Abus et violences…

Témoignage d’un pasteur  

Comme tout pasteur, au fil du temps et des relations de confiance tissées avec les membres de l’église pendant 14 ans en Seine Maritime, j’ai été amené à écouter, entendre un trop grand nombre de personnes touchées par les violences sexuelles.  

Les conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles et spirituelles sont extrêmement destructrices pour les personnes qui vivent enfermées dans la honte, la culpabilité, la peur et le silence pendant parfois de nombreuses années. 

Bien souvent, devant mes limites et le constat que la prière ne suffisait pas, j’ai orienté ces personnes vers des thérapeutes spécialisés. En effet, tous ne sont pas formés pour accompagner de façon efficace ces personnes en grandes souffrances. 

Je me suis également formé et suis actif au sein d’une association non-chrétienne « REPRENVIS » (réseau de prévention contre les violences sexuelles). 

Les chiffres de l’union européenne sont là :  

  • 1 femme sur 4  
  • 1 homme sur 6  
  • et 1 enfant sur 5  

sont touchés au cours de leur vie par ce fléau destructeur. 

80% de ces violences ont lieu dans le cercle familial ou celui des amis,connaissances, proches des personnes touchées. 

Il convient donc de prendre conscience qu’au sein de nos assemblées chrétiennes évangéliques nous sommes forcément en contact avec certains de nos frères et sœurs en proie avec les conséquences de ces violences. 

Le secret enserre les victimes qui doivent survivre avec leurs souffrances et le sujet est bien souvent tabou. 

L’agression sexuelle ne se cantonne pas uniquement au viol !  

Notons aussi que le harcèlement, les caresses ou contacts physiques malsains et mal placés, la manipulation pour obtenir des faveurs sexuelles, des paroles, des sous-entendus, des gestes déplacés peuvent occasionner des troubles et des conséquences sur le long terme pour ceux et celles qui en sont victimes. 

Les conséquences de ces violences peuvent se manifester de multiples façons :  

  • dépression, 
  • boulimie,  
  • anorexie,  
  • TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs) 
  • culpabilité de ne pas avoir su dire non ou se défendre, 
  • honte, 
  • peur d’être de nouveau confronté à l’agresseur, 
  • sentiment de trahison, 
  • colère,  
  • haine,  
  • suicide… 

Certaines pathologies physiques comme des céphalées, des maux de ventre qui n’ont pas d’explications médicales, des cancers, la fibromyalgie, voire la stérilité…  pourraient découler de ces violences. Il n’est pas ici question de dire que ces exemples, qui sont loin d’être exhaustifs sont systématiquement la conséquence de ces actes, car il peut y avoir d’autres causes bien sûr. Mais, pour certaines personnes, c’est une réalité… 

 

Il reste tout à fait possible de surmonter et de guérir de la plupart de ces troubles.

L’accueil de la parole, l’écoute active et vraie, la prière, un réseau de professionnels formés, un accompagnement et un soutien adaptés, les services de police et la justice sont autant de moyens mis à la disposition des victimes pour sortir de leurs prisons intérieures et retrouver une liberté et un avenir plein d’espérance. 

S’il est vrai que bon nombre de thérapeutes font appel à toutes sortes de méthodes plus ou moins spirituelles, parfois douteuses et dangereuses, il faut aussi dire que les formations, une meilleure connaissance de ce fléau et de la prise en charge des victimes ont fait de grands progrès. 

En conclusion, nous, pasteurs ou responsables spirituels nous ne pouvons rester inactifs devant les difficultés que certains de nos frères, sœurs et concitoyens traversent. 

Informons-nous, formons-nous, créons ou associons-nous à des réseaux de partenaires là où c’est possible avec les autorités des villes au sein desquelles nous travaillons. 

Il me semble que notre Seigneur côtoyait, écoutait et guérissait les gens qui souffraient de toutes sortes de maux. Être au service de nos concitoyens, des membres de nos assemblées dans les bas-fonds de leurs prisons, c’est servir le Seigneur.  

il nous a promis qu’il serait avec nous tous les jours pour le faire. 

Luc Leprévost,
pasteur Eglise Apostolique du Havre
 

 

Pour aller plus loin sur cette question :  

Groupe de travail, livret de bonnes pratiques, ressources et bientôt un service d’écoute  https://www.lecnef.org/page/1484925-lutte-contre-les-abus-sexuels 

 

Mais aussi :
https://www.croirepublications.com/cahiers-ecole-pastorale/hs-21/octobre-2020-hors-serie-n-21-violences-conjugales-les-identifier-pour-agir-en-eglise
 

 https://www.croirepublications.com/cahiers-ecole-pastorale/presentation-de-livres/article/les-abus-sexuels-sortir-de-l-ombre
 

https://lafree.info/info/dossiers/abus-sexuel
 

Lire également :  

  • « Les abus sexuels : comprendre et accompagner les victimes », Jacques Poujol  – ed Empreinte.  https://relation-aide.com/library/les-abus-sexuels/
     
  •  “Le counseling biblique et les cas difficiles » – Des histoires vraies démontrant la  suffisance des ressources offertes par Dieu dans sa Parole, par Heath Lambert – Stuart Scott – Editions IMPACT –  (voir notamment le Chap 2 – « survivre à des violences sexuelles ») 
    Pour les approches et formation de type counseling biblique, voir le site de la Fédération du Counseling Biblique. 

 

 

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