Les jeunes. Intégrés dans l’église ? 

Depuis une vingtaine d’années, les statistiques laissent entendre que 60 % à 80 % des démarches personnelles de foi en Jésus-Christ sont réalisées par des enfants ou des jeunes avant l’âge de 18 ans. A l’âge adulte, ce sont ces mêmes jeunes que l’on retrouve au service dans l’Église en tant que responsables, enseignants, cadres jeunesse, missionnaires ou dans d’autres services importants. 

Autre constat, les jeunes témoignent facilement de leur foi à leurs amis, plus naturellement que leurs aînés. S’ils sont confiants envers les structures d’accueil et prennent du plaisir à participer aux activités, ils invitent naturellement leurs copains au groupe de jeunes, aux scouts, dans un séjour de vacances chrétiens ou je ne sais quel évènement. 

Troisième constat, les médias sont ce qui influence le plus un jeune aujourd’hui. C’est la tranche d’âge qui passe le plus de temps sur internet à travers les réseaux sociaux, les jeux en ligne ou la visualisation de vidéos : 4h 23 par jour exactement, selon « médiamétrie » en 2020 pour les 15-24 ans. Temps important où ils sont confrontés aux valeurs éthiques et morales de ce monde : un véritable matraquage à contre-courant de l’évangile. Les adolescents sont les plus grands consommateurs du tout et du n’importe quoi proposé par les médias ; tout en étant le public le plus vulnérable, le plus influençable parce qu’en recherche du sens de la vie. 

Le public le plus sensible à l’Evangile est donc aussi le plus attaqué, ciblé, influencé par le monde et ses valeurs  ! 

Questionnons-nous  !

 Ces constats, sont-ils pris en compte dans l’élaboration de la vision d’une église locale ?
Une stratégie adaptée est-elle mise en place ?
Autrement dit, j’en reviens au titre de cet article, les jeunes sont-ils véritablement intégrés dans l’Eglise ?
Certainement, il y a des efforts à réaliser.
Je vous propose 3 pistes d’action :

 

EQUIPER L’EGLISE 

Une première étape serait d’intégrer le travail jeunesse à la vision de l’assemblée. De quelle manière le travail jeunesse se greffe-t-il à la vision globale de l’Eglise ? Quels sont nos objectifs pour les jeunes ? Sont-ils partie prenante dans les différents aspects de l’Eglise ? Au niveau de la communion fraternelle ? De l’enseignement ? Du témoignage ? Du service ? 

Ensuite, réaliser un état des lieux des besoins : dans les petites assemblées par exemple, il y a des hauts et des bas de fréquentations selon les tranches d’âge. Les projections sur le nombre de participants sont faciles à réaliser afin d’anticiper les besoins : Est-ce que nous aurons plus de filles que de garçons ? Faut-il revoir la division de nos groupes pré-ados/ados ? Quel sera notre public ? Est-ce que nous aurons des nouveaux non accoutumés à l’Eglise ? Est-ce que les jeunes viendront régulièrement ? Quels sont leurs contextes familiaux ?  Est-ce que certains d’entre eux sont déjà bien engagés dans leur foi ? … 

Il serait utile de prévoir de véritables ressources humaines formées et de se donner des moyens* 

Cela ne nous viendrait pas à l’idée de recruter un pasteur non formé et tout jeune dans sa foi ! Par contre, quel est le profil de celui ou de celle qui s’occupe de l’enseignement des pré-adolescents dans mon église locale ? Public particulièrement fragile, qui se pose les questions d’un adolescent sans avoir la maturité de formaliser sa pensée ni celle de répondre publiquement. 

Comment former les animateurs ? Dans notre union d’église, nous avons mis en place un programme pour aider nos assemblées locales : Financement du BAFA, financement de cours biblique spécial jeunes, formation de leader jeunesse en partenariat avec l’Institut Biblique de Genève. 

Comment suivre ensuite ses animateurs ? Un ancien dédié uniquement à la jeunesse de l’assemblée ne serait pas de trop ! Se pose également la question d’une ligne du budget consacrée à ce travail. 

  

SOUTENIR LES PARENTS 

Lorsqu’il est demandé à Jésus quel est le plus grand commandement, il cite partiellement la loi donnée à Moïse 15 siècles plus tôt : 

Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Les commandements que je te donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les répéteras à tes enfants ; tu en parleras quand tu seras chez toi, quand tu seras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras à tes mains comme un signe et ils seront comme une marque entre tes yeux. Tu les écriras sur les montants de la porte de ta maison et sur les portes de tes villes. 

Deutéronome 6.4-9 

Les parents sont en première ligne de responsabilité pour « inculquer » l’Evangile à leurs enfants. C’est leur responsabilité, il est bon de le rappeler, des parents qui se posent des questions, apprennent sur le tas et qui sont parfois dépassés … :  

  • « Je ne le comprends pas. » 
  • « Il nous rejette … » 
  • « Je ne sais pas ce qu’il fait sur le net ? *
  • « La communication est difficile … » 

L’Eglise pourrait mettre en place des services pour les encourager et les soutenir dans leur rôle d’éducateur : 

  • Prier pour eux 
  • Suivi pastoral des parents pour identifier les besoins et les difficultés 
  • Enseigner les parents : livres, rencontres dédiées, recommandation de séjours spécifiques, … 
  • Soutien dans l’éducation : coopération famille/église/responsables jeunesse en vue d’actions complémentaires 
  • Élargissement du foyer : « 1 enfant sur 3 grandit dans une famille monoparentale ou recomposée ». L’Église est-elle une nouvelle famille ? Un relais ? Un appui ? Qu’est-ce qui est mis concrètement en place ? 
  • Aide sociale : subventionner les actions jeunesse, le transport à des évènements, des bourses de participations aux camps, … 

 

PENDRE SOIN DES JEUNES 

Dans cette période d’adolescence, les jeunes iront chercher des repères en dehors du cercle familial. En plus des médias, de la famille et de l’église il existe plusieurs autres pôles qui influencent la jeunesse : les amis, l’école, le sport et justement des adultes en dehors de la famille proche. 

Cela peut-être un éducateur sportif, un professeur ou une personne bien intentionnée de l’église locale. Là encore, nous pouvons réfléchir et aller plus loin que de se satisfaire de l’existence du groupe de jeune ; combien de fois ais-je constaté la « double vie » d’un jeune soi-disant chrétien : Existe-t-il un suivi pastoral de chaque jeune ? Est-ce qu’on lui offre la possibilité de partager ses combats, ses difficultés ? Est-ce que les jeunes, qu’ils aient déjà réalisé une expérience personnelle de foi ou non se trouvent bien à l’église ? Qu’est-ce qui les retient ? Qu’est-ce qui les encourage ? Est-ce que nous les connaissons vraiment ? N’oublions pas que l’essentiel est de construire une relation personnelle avec chacun, afin qu’ils se sentent aimés et appréciés. 

 

Le quotidien d’un jeune se résume trop souvent par cette parole du prophète Élie : « Jusqu’à quand boiterez-vous des deux côtés ? »

Cela vient du fait qu’il est constamment tiraillé entre ses désirs de suivre le Seigneur et l’attrait de se comporter comme tout le monde, sans Dieu. Ils cherchent leurs repères et ils sont confrontés à 2 modes d’emploi opposés … contradictoires ! 

Les jeunes ont besoin de connaître Jésus-Christ personnellement ! De l’accepter comme Sauveur et Seigneur de leur vie au plus vite, dès leur plus jeune âge. D’une part cela répondra à leurs questionnements existentiels légitimes avec la joie et la paix de la réponse divine ! Par ailleurs cela les protègera, nous l’espérons, d’eux-mêmes et permettra à l’Eglise de rayonner à travers leurs témoignages. 

Michel Castagno

 

*134 jeunes se sont formés cet été, dans le cadre des CFB (Cycles de Formation Biblique)

*Pour aller plus loin : Guide du responsable jeunesse – éditions CLE 

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