Pour l’amour de Dieu, faites-vous vacciner

Un communiqué de la commission d’éthique protestante évangélique.

La gravité de la situation sanitaire, provoquée par cette nouvelle vague de la Covid, le niveau de désinformation véhiculée sur les réseaux sociaux, y compris par des chrétiens, le degré d’animosité qui règne sur ce sujet qui porte atteinte à la fraternité chrétienne dans les Églises et humaine dans notre pays nous amènent nous, Commission d’éthique protestante évangélique, à sortir de notre réserve, à lancer un appel à se faire vacciner d’urgence contre la Covid 19 et à faire un certain nombre de mises au point théologiques, éthiques, et fraternelles.  

Nous appelons d’abord les chrétiens à ne pas nier la gravité de cette maladie ni l’efficacité, prouvée, de la vaccination pour en éviter les formes graves.  

Nous les appelons aussi à pratiquer sur ce sujet un dialogue guidé par l’amour, où nous pouvons dire nos peurs et nos craintes, voire nos colères, sans nous laisser enfermer dans des monologues anti-vaccinations qui ne portent pas l’empreinte de la sagesse selon Dieu, qui est porteuse de paix 1 

1 . Oui, aujourd’hui, se faire vacciner est un acte qui relève de l’amour de Dieu, car il relève de l’amour du prochain : les deux commandements sont semblables.
« L’amour ne fait pas de mal au prochain » dit Paul. Or ne pas se faire vacciner, c’est être aujourd’hui une menace potentielle réelle pour notre prochain.

Non, l’obligation vaccinale n’est pas la marque d’une dictature. Le BCG et le vaccin contre la polio sont obligatoires et n’ont pas changé notre régime politique démocratique. En revanche, ils ont permis l’éradication de deux maladies redoutables : la tuberculose et la polio. Interrogeons nos anciens qui ont encore la mémoire de ces fléaux. 2  

2 . Oui, le « passe sanitaire » pose des problèmes éthiques de discrimination des personnes, de respect de la vie privée et nous chrétiens, avec d’autres, nous devons rester attentifs et veiller à l’équilibre entre liberté et sécurité sanitaire. Mais non, se faire vacciner ou adopter le passe sanitaire, ce n’est pas recevoir la « marque de la bête ». Ce contre quoi l’Apocalypse de Jean mettait en garde les chrétiens du premier siècle, c’est un acte d’allégeance à un pouvoir qui prend la place de Dieu. Le mot « marque » en grec est le même que celui désignant le sceau de l’empereur romain de l’époque.  

Oui, ce danger existe encore aujourd’hui sous plusieurs régimes, mais l’obligation vaccinale dans notre pays n’entre pas dans ce cadre. Nous chrétiens qui sommes vaccinés, et qui bénéficions du passe sanitaire, nous n’avons fait allégeance à aucun pouvoir et nous n’adorons personne d’autre que Dieu. Nous avons simplement fait preuve de bon sens et d’amour de notre prochain.  

Non, se faire vacciner ne s’oppose pas à la proclamation de l’Évangile. Au contraire, car la vaccination favorise une libre circulation des personnes, favorable à la circulation de l’Évangile !

Oui, on peut avoir des craintes, des réticences par rapport à une innovation biotechnique comme les vaccins à ARN, mais parlons-en à notre médecin traitant, qui doit nous donner une information juste et sincère, et faisons-lui confiance, d’autant qu’il existe plusieurs solutions vaccinales dans notre pays.

Non, se faire vacciner aujourd’hui, ce n’est pas être un cobaye, car de nombreux essais cliniques ont été menés en amont de la commercialisation de ces vaccins.  Oui il y a suffisamment de recul, y compris sur les vaccins à ARN, quand des millions de personnes ont été vaccinées.  

Oui, aujourd’hui la pandémie de la COVID frappe gravement des non-vaccinés, y compris des jeunes voire des enfants (Brésil) et les populations des pays qui ne bénéficient pas de vaccins. En France, les services de réanimation sont actuellement en voie de saturation par des malades non-vaccinés, qui représentaient, au 11 juillet 2021 près de 85 % des malades hospitalisés pour Covid-19  

3-. Oui, cette pandémie est mondiale et appelle à un devoir de solidarité entre les pays pour la juguler par des vaccins fiables, sûrs et économiquement accessibles à tous. C’est pourquoi nous sommes éthiquement favorables à la levée des brevets sur ces vaccins, et à une libéralisation de l’accès aux moyens de les fabriquer, d’autant que le coût de leur recherche-développement par les laboratoires a été financé par les États.

Alors, nous qui le pouvons, faisons-nous vacciner pour l’amour de Dieu et de notre prochain. 

 1 – « La sagesse d’en haut est d’abord pure, ensuite porteuse de paix, douce, pleine de compassion … » Jacques 3.16
2 – Antoine Nouis, éditorial de Réforme du 29 juillet 2021.

 Commission d’éthique protestante évangélique, le 5 août 2021
Pasteur Luc Olekhnovitch (UEELF), président,
Pasteur Louis Schweitzer (FEEBF), professeur d’éthique, ancien membre du CCNE, Pasteur Erwan Cloarec (FEEBF),
Pasteur Marjorie Legendre (UEEL), professeur d’éthique,
Dr Joël Petitjean (UNEPREF),
Alain Lombet, ancien chercheur à l’INSERM, représentant du CNEF,
Frédéric de Coninck, sociologue.
 

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