Beth Rahama

Beth Rahama : « Nous soignons, Dieu guérit » 

En repensant aux débuts du centre de rééducation Beth Rahama de Bitkine au Tchad, actuellement soutenu grâce à vos dons auprès de l’ASMAF, c’est l’histoire de Jonas qui me vient en tête, puis celle de Néhémie et enfin celle d’Elie.  

 

Jonas 

Alors désireuse de servir le Seigneur à l’étranger, mon métier de kiné m’ouvrait la porte pour la prise en charge du handicap, milieu qui me passionne tout autant que la mission ! 

Quand il fut question de choisir un lieu et une mission d’envoi, alors que j’avais dans un premier temps, tout fait pour partir ailleurs, Dieu m’a fait comprendre qu’Il souhaitait que je parte avec l’ASMAF, mission dans laquelle ma famille a beaucoup œuvré. Au fil des échanges avec les églises tchadiennes, ce sera finalement à Bitkine, là précisément où mes grands-parents sont venus s’installer, 60 ans auparavant.  

Je n’avais pas vraiment souhaité cela, je ne voulais pas être la « petite fille de » et désirais faire mon trou à moi ailleurs ! Rapidement, je me suis sentie reprise, tout comme Jonas qui avait mis son énergie dans son propre plan a dû admettre que celui de Dieu était bien meilleur !
Je découvre vite l’importance de ce détail dans une culture où il est primordial de savoir d’où vient l’autre pour lui faire confiance. Mon intégration a donc été grandement facilitée ! La continuité dans les liens entre la mission et l’union d’église sur place AET, s’est faite naturellement.  

Néhémie 

Et puis est arrivé le temps de la construction. Les consultations de kinésithérapie allaient bon train ; 2 jeunes de la localité sont partis se former pour assurer la relève. Nous avons alors décidé de construire un centre plus accessible sur un terrain acheté avec l’église. Les 2 années et demi qui ont suivi ont été jonchées de luttes pour enlever une antenne, un canon militaire, un immense tas de terre stocké malencontreusement sur notre terrain. Alors que Néhémie a tenu ferme face à ses opposants qui ont usé de nombreux stratagèmes pour interrompre son entreprise, avec le CA du centre, nous avons eu le sentiment d’avoir dû lutter et faire preuve de beaucoup de persévérance pour voir le bâtiment sortir de terre. Toutes les petites victoires étaient encore plus belles à vivre ! 

Cette œuvre m’a fait sortir de ma zone de confort. A certains moments du parcours, j’ai dû m’improviser architecte, gestionnaire, manager, formatrice… Des domaines que je ne maîtrise pas, m’obligeant ainsi à crier à Dieu pour qu’il me vienne en aide. Je peux désormais pleinement affirmer que le centre Beth Rahama est Son œuvre avant tout ! 

Elie 

6 ans après le lancement du centre, pris dans le tumulte d’une crise importante dans l’union d’église, l’équipe sur place semble passer par un désert. Alors que la rééducation est un traitement nouveau pour la population, lequel nécessite un investissement sur un temps plus long qu’une simple injection, le changement doit d’abord se faire dans les mentalités. Et cela prend du temps. Les musulmans sont plus réceptifs à cela et davantage demandeurs. Comme Elie qui n’était pas toujours bien reçu et accepté quand il parlait à son peuple, Fadil, Abdallah et Deborah se sentent parfois bien seuls face à leurs pairs. Nos encouragements et notre soutien leur sont d’autant plus précieux.  

 

Aujourd’hui Beth Rahama, la maison de la miséricorde, continue à accueillir des patients, avec 3 chambres pour ceux qui viennent de loin. Jeanne-Marie Boegli, une missionnaire suisse de la MET, kinésithérapeute expérimentée, soutient le travail de visite des patients en brousse avec Abdallah. Beaucoup d’enfants en situation de handicap sont encore isolés et les parents restent démunis face à l’état de santé de leur enfant.  

Fadil, auxiliaire kiné, responsable du centre, apprend à son tour à gérer sa petite équipe. Deborah est en train de terminer sa formation d’auxiliaire kiné (seule formation possible au Tchad) et pourra prochainement rejoindre ses confrères.  Pour information, grâce à vos dons, le pôle mission s’est engagé à soutenir le centre en versant 3000€ par an.  Il est beau de voir Dieu à l’œuvre tout au long de ces années. Que Fadil, Abdallah, Deborah et Jeanne-Marie soient renouvelés au quotidien dans ce beau ministère qui leur a été confié.

Natalie Metz 

 

 3 anecdotes que nous partage Jeanne-Marie : 

« Au centre, les chambres d’accueil ont été rénovées, ce qui a permis d’accueillir une famille avec un garçon d’une dizaine d’années ayant contracté le tétanos, suite à une blessure au talon. Pris en charge médicalement, son corps entier est resté raide. Alors qu’il commence à retrouver une bonne mobilité, la famille est repartie pour continuer le travail agricole. Il repart en marchant ! Mais avec une boiterie qui risque de persister… »  

 

« Une autre chambre d’accueil est occupée par un jeune homme tombé de cheval un mois plus tôt. Paralysé du cou jusqu’aux pieds, il retrouve lui aussi une marche correcte. Mon adage favori dans ce pays où les soins médicaux sont limités est « Nous soignons, Dieu guérit ».  

 

 

« A Bitkine, sur la colline où nous habitons, l’eau est livrée à dos d’âne ou sur une charrette tirée par des bœufs. Le charretier qui nous amène l’eau s’est retrouvé tétraplégique suite à un accident de moto, il y a quelques années. Pris en charge à la maison par des massages et de la mobilisation, il a peu à peu retrouvé des forces, mais ses membres sont restés faibles. Je lui propose une séance de Kabath, qui met en jeu des groupes musculaires et sens alors sa force augmenter au cours de la séance. Le lendemain, il en redemande ! Au fil des séances, il devient plus fort et c’est moi qui me retrouve en difficulté pour opposer une résistance à ses mouvements ! »

Vous souhaitez, vous aussi, soutenir les projets du Pôle mission CAEF ou de l’Asmaf ?
https://mission.caef.net/soutien/

 

 

 

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