Un souffle nouveau en septembre ?

« Le premier et grand travail du chrétien concerne son cœur… la langue et la vie ne sont que les fruits et les expressions de ce qui habite en nous » – Richard Baxter [1].

D’emblée, cette citation m’est apparue pertinente : pertinente pour le chrétien, elle l’est d’autant plus pour le responsable d’église.
Ce thème soulève deux sujets pastoraux importants, me semble t-il :

  • Comment rester centré sur notre vision et le ministère que Dieu nous a confié ?
  • Et comment vivre le repos du Seigneur, chemin faisant ?

Comment rester centré sur notre vision et le ministère que Dieu nous a confié ?

Ah la rentrée ! Elle signifie traditionnellement reprise de nos activités. Nous avons :

  • des études bibliques et prédications à préparer,
  • des visites à faire,
  • des réunions à planifier,
  • des relations à développer,
  • des projets à anticiper.

Puisque le 1er août dernier a vu la fin de l’urgence sanitaire, nous serons d’autant plus enclins à vouloir reprendre rapidement nos vies d’églises, autant que possible comme avant. Pour ce faire, il faudra redoubler d’efforts et de temps pour bien « réamorcer la pompe ».
Et comme le temps nous est compté, le danger est que nous négligions de prendre soin de notre cœur.

Alors comment faire ?

Suivre les bons exemples et faire les bons choix.

J’ai toujours été frappé par l’exemple de Daniel qui, malgré ses hautes fonctions dans l’empire babylonien, trouvait quotidiennement le temps de se tourner vers Dieu, trois fois par jour ! (Daniel 6.10).

Qu’en est-il de moi ? Serais-je tellement affairé que je n’aurais plus le temps de me poser devant mon Dieu ? Daniel faisait les bons choix. En s’y appliquant, sa vie en devint exemplaire (voir Daniel 6.4-5). Cet homme de grande valeur avait intégré ce principe de vie essentiel: « Garde ton cœur plus que toute autre chose … » Proverbes 4.23.

Dans le même sens, l’apôtre Paul encourage son jeune collègue Timothée (1 Tim.4.15-16) :
« Veille sur toi-même et sur ton enseignement ». En tant que responsables, nous sommes en première ligne dans l’Église de Jésus-Christ.

Mais nous ne sommes pas d’abord des responsables d’églises ou des gestionnaires d’œuvres. Nous sommes avant tout, des serviteurs et servantes qui doivent démontrer par leurs actes et leurs paroles comment il convient de servir Dieu au travers de notre quotidien. C’est une question d’intégrité  : que nos actes puissent parler plus que nos paroles.

Juste un exemple: dans les nécessaires rencontres de conseil d’église, de responsables ou d’anciens ; prenons soin de veiller les uns sur les autres avant de démarrer nos ordres du jour. Partageons de nos nouvelles personnelles, portons ensemble nos fardeaux et prions les uns pour les autres. Nous manifesterons ainsi l’Amour de Christ entre nous, y renforcerons notre unité et cela servira d’exemples pour nos assemblées.

Un autre exemple à suivre, plus proche de nous, c’est celui de Jonathan Edwards [2]. Dans les débuts de son ministère, il rédigea une liste de 70 résolutions qu’il s’engagea à lire une fois par semaine. Juste l’une d’entre elles : « Résolu à étudier les Écritures avec tant de constance, de régularité et de fréquence que je puisse constater et percevoir clairement que je grandis dans leur connaissance ». Il est évident que son caractère et la portée de son ministère furent forgés par la mise en pratique de telles résolutions.
« Occupe-toi de ces choses … afin que tes progrès soient évidents pour tous »

Le ministère que Dieu nous confie dans sa Grâce n’est pas destiné à la diffusion de sa Parole, mais plutôt à démontrer par son infusion dans notre vie, que l’Évangile nous transforme radicalement en Christ. Comme le dit un évangéliste : « Vivre l’Évangile : du fond du cœur vers l’extérieur ». Du bon exemple à suivre de Timothée, passons à l’excellence au travers de l’exemple de Jésus.

Comment vivre le repos du Seigneur, chemin faisant ?

Vivre dans la dépendance de Dieu, mais pas que…

Au regard de notre monde actuel, un horizon particulièrement sombre se présente à nous en cette rentrée et même au-delà. Mais soyons réalistes. A la lumière de la Parole de Dieu, il ne peut en être autrement. Considérons ne serait-ce qu’Ephésiens 5.16-17. « Rachetez le temps, car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. »

N’y perdons pas de vue notre espérance chrétienne. Elle est une vertu théologique qui nous permet de garder notre bon cap, dans la foi. Comme le dit si bien C.S. Lewis [3] : « … le fait de se tourner continuellement vers le monde éternel n’est pas (comme le pensent certaines personnes modernes) une forme d’évasion ou un vœu pieux, mais l’une des choses qu’un chrétien est censé faire. Cela ne signifie pas que nous devons laisser le monde actuel tel qu’il est. Si vous lisez l’Histoire, vous constaterez que les chrétiens qui ont le plus fait pour le monde actuel étaient justement ceux qui pensaient le plus au prochain ».

Et pour cela, nous devons vivre dans une dépendance grandissante de Dieu. Ce qu’expérimenta Adolphe Monod [4]:

« Notre temps est à Dieu et c’est, par conséquent, en Dieu que nous devons chercher toujours ce que nous avons à faire pour remplir le temps qu’il nous donne et pour saisir les occasions qu’il nous présente…  Notre cœur est naturellement porté – c’est la racine même du péché – à se constituer lui-même le centre et le but de la vie… Soyons empressés à saisir les occasions que Dieu nous présente – elles ne manqueront point – et nous trouverons devant nous une vie toute tissée d’œuvres bonnes toutes préparées où nous n’avons qu’à marcher…  Notre vie ne sera qu’œuvre bonne, obéissance et par conséquent, joie et paix par le Saint-Esprit».

 « Seigneur, me voici, que veux-tu que je fasse ? ». C’est la marque du disciple qui suit les pas de son Maître. Soyons donc disponibles pour les « rendez-vous » divins que le Seigneur veut placer dans notre quotidien. Ce repos que nous pouvons expérimenter dans la dépendance de Dieu, ne peut se réaliser sans la soumission de notre volonté à la sienne.

Au passage, rappelons nous aussi que le ministère que le Seigneur a pu nous confier est avant tout spirituel et dans ce sens, il déclenchera forcément des hostilités, de l’opposition, des luttes. L’exemple suprême étant celui de Christ : dès le début de son ministère, Jésus fut confronté à la tentation au désert (Luc 4.1-13), pour ensuite proclamer dans la synagogue à Nazareth qu’il était venu pour accomplir la volonté du Père pour nous (Luc 4.14-22).

Et il est frappant de réaliser que durant ses 3 années de ministère, Jésus a constamment suivi la volonté du Père au quotidien, mais sans jamais perdre de vue le grand but de sa venue parmi nous et ce, malgré une opposition de plus en plus virulente.

C’est pourquoi Jésus a dû prendre du temps dans la solitude (inhérente au ministère) afin de pouvoir constamment s’en remettre à Dieu le Père en toutes choses, et notamment face aux étapes importantes. L’ultime étape du jardin de Gethsémané nous révélant que notre Sauveur et Seigneur s’abandonna jusqu’au bout à la volonté du Père :
« Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Marc 14.36).

Face aux exigences du ministère, aux attentes, à ses défis, à ses tensions :

  • c’est en étant dans une dépendance constante de Dieu que nous pourrons y trouver notre repos,
  • c’est dans la solitude de la prière que nous pouvons nous décharger de tout ce qui nous pèse, tout dire au Seigneur,
  • c’est dans le secret de sa présence que nous pourrons y voir plus clair, véritablement réajuster au besoin, rester à bonne distance des évènements.

Ceci dit, ne faîtes pas l’erreur typique qu’il m’arrive de faire : aborder ce repos du Seigneur comme étant un moyen pour aboutir à une fin. Dit autrement, agir ainsi dans le seul but calculé d’être plus efficace dans l’exercice du ministère. Il existe un repos encore plus renouvelant que cela : il consiste simplement à se poser devant notre Dieu, face à sa Parole, en y contemplant qui Il est vraiment pour nous, son peuple.

Brièvement : il est le Dieu du salut, source de notre plus profonde joie.
Il est celui qui gardera notre départ comme notre arrivée, dès maintenant et à jamais. Ayons donc foi en sa Parole, en sa fidélité pour notre quotidien, en ses provisions divines pour les besoins de son œuvre. C’est ainsi que nous pourrons être renouvelés au mieux pour continuer à servir Celui qui nous a tant aimés.

« Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même de Christ », disait Paul à l’église de Corinthe (1 Cor.11.1).

Bonne rentrée !

Emmanuel Hartiel,
Pasteur – Eglise CAEF de Guingamp-Ploumagoar

[1] Pasteur (1615-1691)
[2] Théologien (1703-1758)
[3] Apologète (1898-1963). Citation du livre « Les fondements du christianisme » – Edit. LLB
[4] Un des plus grands prédicateurs du 19ème siècle (1802-1856). Citation du livre « Les adieux » – Edit. Kerygma/Excelsis.

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