«Les conflits dans l’Eglise, ça n’existe pas !»

L’Eglise locale n’est pas une communauté dans laquelle les crises ou les problèmes n’existent pas. L’Eglise locale est (ou devrait être) une communauté qui, au fil du temps, apprend à faire face aux conflits qui la traversent. Dans nos relations interpersonnelles, il nous est impossible d’échapper aux conflits, disputes ou mésententes. Tout simplement parce que nous vivons encore dans une humanité déchue. Il est donc pour ainsi dire « normal » que l’Eglise locale, cette communauté composée de femmes et d’hommes, soit, elle aussi touchée par les mêmes symptômes.

Certaines communautés connaissent en leur sein des tensions relationnelles qui ailleurs dégénèrent en conflit. Or trop souvent, nous faisons abstraction de cette réalité face à une crise qui se profile. Nous lui préférons l’illusion de la maturité spirituelle dont chacun d’entre nous est censé faire preuve en cas de conflit pour mieux délimiter le camp des « gentils » et des « méchants ». Et ainsi éviter de voir ce que la crise révèle de dysfonctionnel et de charnel en moi ou dans le fonctionnement de l’Eglise.  

Cette manière de penser trouve peut-être son origine dans ce que nous enseignons dans l’Eglise en matière de sanctification appliquée à nos relations interpersonnelles. Si l’enseignement met en avant ce qu’il nous faut faire (les fruits de l’Esprit, l’amour du prochain, etc.) sans prendre en compte ce que nous sommes encore (membre d’une humanité pécheresse), nous distillons au fil du temps des concepts assez simplistes tels que « les problèmes n’existent pas entre chrétiens », « il suffit de demander pardon pour régler un problème » ou encore « c’est le diable qui veut nous diviser ». Cet enseignement favorise une forme de déni de réalité et ne prépare absolument pas aux crises qui finiront par arriver tôt ou tard.  

Il y a probablement ici une relation de cause à effet dont nous pourrions tirer profit. Elle peut faire la différence en cas de crise : ce qui est enseigné au fil des années aux membres de l’Eglise avec le souci de la mise en pratique, en particulier dans le domaine des relations interpersonnelles peut prédisposer favorablement ou pas à la gestion d’une crise.  

 

3 questions pour aller plus loin :  

  • Comment est-ce que je réagis dans les situations de tensions relationnelles, de mésententes ou de conflits ? Quelles sont les émotions ou les pensées qui s’imposent à moi dans de telles situations ? Qu’est ce que cela dit de mon fonctionnement personnel ? 
  • Quel est le cadre (valeurs, principes, partage d’expérience, ce que l’histoire de l’Eglise locale nous apprend, etc.) que votre Eglise locale a mis en place pour apprendre à gérer ou prévenir les crises ?
  • Comment évaluez-vous l’enseignement donné dans l’Eglise sur la sanctification appliquée à nos relations humaines et la résolution des conflits ?  

  

Eric Waechter  

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