Collégiens et lycéens, acteurs de la vie d’Église ?

Collégiens et lycéens, acteurs de la vie d’Église ? Oui !
Mais comment ? Et surtout, pour quoi ?
Voici, sur cette question, quelques extraits du mémoire de fin d’études IBG*  « Rendre les collégiens et lycéens, acteurs de la vie d’Église de Nantes la Beaujoire » de Timothée Dobozy, pasteur jeunesse mi-temps, à Nantes la Beaujoire et équipier AJC.

Des initiatives…
A l’église de Nantes la Beaujoire, les plus jeunes participent !

  • Clubs du dimanche ou groupe collégiens. Des collégiens et lycéens sont en binôme du moniteur, puis autonomes pour gérer progressivement l’enseignement ou même animer des groupes de discussion autour de la Bible.
  • Technique. Une petite équipe de collégiens, en lien avec le responsable, gère les caméras et prises de vues pendant le culte, mais aussi le logiciel de paroles des chants. 
  • Louange. Plusieurs collégiens ou lycéens ont intégré l’équipe louange et jouent régulièrement au culte. Le responsable du pôle louange avait pris le temps, après le culte, de répéter un ou deux chants, avec eux.
  • Accompagnement au baptême de plus jeunes dans la foi. Des rencontres « préparation baptême » avec des jeunes en réflexion se sont faites en présence d’une lycéenne, jeune baptisée : elle a observé le responsable puis a conduit certains échanges, en présence d’un accompagnant référent.
  • Service du café. Un jeune a pris l’initiative, lors du temps de café en fin de culte, de « prendre les commandes » et les apporter aux personnes qui discutent encore.
  • Implication dans les cultes. Lectures ou mini-sketches lors des cultes familles ou  évènements spéciaux leur sont proposés.

… et des jeunes.
Dans le cadre de ce mémoire, les jeunes participants à ces initiatives ont été interviewés afin de voir comment ils ont vécu ce qui a été mis en place et si cela les a aidés à progresser dans leur foi. 

Le fait d’être impliqués dans l’Église les a poussés à aller plus loin dans leur relation personnelle avec Dieu et dans leur étude de la Parole

 « Voir que j’aide des personnes en leur parlant de Dieu, ça me booste ! Ça m’aide à lire la Bible pour pouvoir leur en dire plus. »
« Quand on décidait de prier les uns pour les autres, je devais prier alors que… je le faisais peu avant.»
 « L’école du dimanche permet de se plonger dans des textes imposés, ça me force à aller plus loin dans certains textes pour mieux transmettre et me poser la question pour moi aussi. »
« C’est important d’être entouré d’autres chrétiens et pas vivre tout seul dans ma chambre avec Dieu. Ça m’a poussé à être en relation avec d’autres et pas juste le dimanche et dans l’Église ». 

En servant, ils ont découvert leurs dons et leurs faiblesses, mais surtout appris à s’appuyer sur Dieu 

L’un partage « je ne suis pas parfait et je ne peux pas tout bien faire, mais avec l’aide de Dieu, ça marche !» ou l’autre réalisait l’importance de ne « pas se reposer que sur ce que j’ai, ce n’est pas parce que j’ai des dons que je n’ai pas besoin d’aide ».

Dans le même ordre d’idées, un autre exprime : « j’ai pu comprendre que je voulais tout faire tout seul…. Et là, on m’a dit que je pouvais aussi apprendre à un autre… » 

Ils ont aussi appris à s’intégrer dans des équipes

Ils disent avoir « réalisé l’ampleur de l’engagement » en comprenant qu’« être impliqué, ça prend du temps ». Certains ont appris à faire des choix dans leurs engagements : « j’en faisais trop, avec le bac et tout c’était trop ! Ça m’a appris à faire des choix et je ne peux pas dire oui à tout. » 

 Ils ont compris des aspects importants comme : « travailler en groupe et profiter des capacités de chacun, s’adapter à chacun même si tous n’ont pas les même attentes ».  

Ils ont aussi pu avancer dans leur motivation et leur combat contre la crainte du regard des autres.

Le témoignage d’un des jeunes collégiens est intéressant dans ce sens : « Au début c’était dur, je me mettais la pression pour la technique. Je me disais trop : j’ai un truc important dans l’Église, je suis célèbre, je prenais la grosse tête et c’est pour ça que j’aimais bien faire tout seul. » 

Ils se sont sentis utiles

L’un affirmait avoir réalisé qu’il n’était plus « juste spectateur ». Le témoignage d’un jeune qui sert le café (voir l’encadré plus bas) interpelle : « Ça peut aider les adultes, ils sont très contents que j’aide et eux, ils peuvent aller voir des gens et ça me rend heureux de me sentir utile. Ça rend heureux les gens que j’aide, et moi aussi ça me rend heureux vu que les gens sont heureux. (…) Ça fait du bien aux gens, et ça me fait du bien.». 

Et c’est là un vrai besoin de cette génération : se sentir utile. Il faudra travailler avec eux, afin d’« orienter » ce sentiment d’utilité vers les bonnes choses et les bonnes motivations ;  nous ne devons pas négliger cet aspect. 

Ils ont expérimenté le témoignage de leur foi 

Un résultat inattendu pour les jeunes impliqués dans les clubs du dimanche est qu’ils ont pu s’entrainer dans un contexte sécurisant à partager leur foi pour être plus à l’aise pour le faire au collège : « Ça me donne un endroit pour partager ma foi parce qu’au collège, ce n’est pas évident ».  

Ils développent ainsi une vision de l’œuvre de l’Evangile dans les vies : « Savoir que ce qu’on leur dit leur servira plus tard, ça pourra les aider dans leur foi et si ça se trouve certains deviendront des nouveaux frères et sœurs, croiront en Dieu et seront baptisés ».

Ils ont mieux compris le fonctionnement de l’Église 

En étant impliqués dans différents ministères, certains ont aussi commencé à réaliser comment fonctionne l’Église et les différents acteurs qui interagissent en son sein, pour s’impliquer à leur tour dans ce fonctionnement.

L’une des jeunes affirme se « rendre compte que c’est différent de juste venir avec mes parents, voir tout ce qui se passe derrière, voir qu’il y a des gens qui bossent pour ça. Ne plus être en mode « la sono ça ne marche pas ! » mais en être acteur ». Cela l’a alors conduit à la reconnaissance, quand elle a réalisé l’implication de beaucoup dans l’Église depuis son enfance. 

C’est nécessaire pour perfectionner un don !

Les enfants impliqués dans la louange ont pu témoigner comment ce service les avait aidés à approfondir les capacités que Dieu leur a données. Ils ont appris à transposer, jouer en groupe ou se libérer de la partition pour être de plus en plus à l’aise. 

Un enfant ayant aidé à une illustration sous forme de sketch pendant un message d’un culte famille nous dit : « j’ai vu que j’avais un don pour le sketch. Et je me souviens mieux de l’idée principale du message aujourd’hui ». 

Une Église où ils se sentent bien, pour… aller plus loin !
Tout cela conduit quasiment tous les jeunes interrogés à affirmer, à un moment ou à un autre, qu’ils sont dans une Église où ils se sentent bien et sont acceptés mais aussi combien cela les aide à grandir dans leur foi.
Ils considèrent l’Église comme leur Église et non plus celle de leurs parents.

Si le principal n’est pas que les enfants “se sentent bien” dans l’Église, cela constitue toutefois une bonne base sur laquelle nous pouvons les accompagner à croître dans leur foi.

Ils goûtent ainsi à la réalité de la foi chrétienne et aux effets de l’Évangile dans une vie chrétienne vécue en pratique. Au vu des différentes interviews réalisées, ces collégiens et lycéens n’ont pas juste envie de suivre le culte sur une chaise et participer à quelques activités jeunesse…  

Et si nous saisissions ce désir de servir, d’être utile, de se sentir bien dans l’église comme une opportunité pour développer un écosystème favorable à leur croissance spirituelle 

La question ici n’est pas comment remplir les trous laissés par des adultes avec des jeunes collégiens/lycéens, mais bien comment saisir ces opportunités d’accompagner les jeunes dans leur croissance, en utilisant un service comme lieu de contact, d’échange et finalement de discipulat.

Dieu travaille le caractère de ceux qui le servent. Lorsqu’un jeune est impliqué dans un ministère quelconque, nous ne nous attendons pas à la perfection, mais plutôt à ce que ce jeune soit en cours de transformation au travers de son service pour Dieu. Accompagner un jeune à servir dans l’église c’est aussi l’aider à forger son caractère chrétien, en le confrontant à différentes situations, face auxquelles il apprendra à réagir.

Voyons différemment les jeunes dans notre église !
Osons le pari fou de leur confier des responsabilités et accompagnons-les dans leurs réussites et leurs faillites, convaincus que Dieu est en train de les transformer !  

 

Une expérience vécue… 

Nous avons commencé à diffuser nos cultes en live sur YouTube. Un jour, nous avons proposé à un jeune, alors en 6ème, d’aider à faire le cadrage sur les caméras. Très heureux de cette responsabilité, il a pu régulièrement assurer cette mission. Dès qu’il arrivait à l’Église, il allait proposer son aide à l’équipe technique. En parallèle, j’avais l’occasion de le voir régulièrement avec un autre garçon de son âge, pour un parcours posant les bases de la foi. Après plusieurs dimanches, nous l’avons encouragé à former, à son tour, cet autre jeune. Il confessera lui-même qu’il ne voulait pas transmettre ce qu’il avait appris, c’était « sa responsabilité » qui lui faisait dire « je suis célèbre dans l’Église ». 

Mais lors d’un échange, tout à fait informel et que j’avais, pour ma part oublié, il me rappellera que j’ai pu l’aider à discerner les bonnes motivations pour son service dans l’Église, et l’importance de la transmission. Aujourd’hui, ils sont une dizaine de jeunes à s’être formés entre eux pour ce ministère.  

Ce jeune a appris, via cette expérience,

à servir pour les bonnes motivations,
à transmettre,
et à ne pas trouver son identité dans son service dans l’Église.

Et en parallèle, il a pu être accompagné dans sa foi et grandir en aimant l’Église et les personnes qui s’y trouvent. Réaliser qu’il jouait un rôle dans l’Église l’a poussé à aller plus loin et à se poser davantage de questions dans sa foi. 

Cette expérience résume bien ce que nous aspirons à vivre à la lumière des réflexions de ce mémoire : viser une croissance spirituelle de chaque jeune en réfléchissant comment une implication dans l’Église pourrait les aider dans leur cheminement. 

 

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